Après les élections législatives anticipées, l'AJPJA réaffirme les valeurs qui fondent son action.

  • 16-07-2024

              

Paris, le 16 juillet 2024,

 

Au lendemain d’une restructuration politique marquée par une progression inédite des idées d’extrême-droite en France, l’Association des Jeunes Psychiatres et Jeunes Addictologues – AJPJA – tient à réaffirmer les grandes orientations et valeurs qu’elle promeut pour la psychiatrie et l’addictologie.

            La psychiatrie et l’addictologie sont deux disciplines médicales intimement liées aux évolutions sociales et sociétales. Elles ne peuvent donc pas prétendre en ignorer les évolutions politiques. La santé mentale des personnes, particulièrement celles vivant avec un trouble psychique et/ou une addiction, est très nettement déterminée par leurs conditions socioéconomiques. C’est une réalité scientifique aussi bien qu’un constat quotidien dans notre métier : l’exclusion, la stigmatisation, les discriminations, l’isolement, les violences dans toutes leurs formes, la précarité sont autant de fléaux qui peuvent favoriser l’émergence ou la persistance des troubles psychiques et d’addictions. Ces fléaux sont, en retour, bien plus fréquents pour les personnes déjà concernées, notamment du fait d’une stigmatisation endémique de ces troubles.

            Le rétablissement, comme « processus foncièrement personnel et unique » et comme « moyen de vivre une vie satisfaisante, remplie d’espoir et productive malgré les limites résultant de la maladie » (Anthony, 1993.) va de pair avec la possibilité de faire pleinement valoir sa citoyenneté, sa dignité, son autonomie et ses choix personnels. Accompagner les personnes vivant avec un trouble psychique dans leur processus individuel de rétablissement n’est pas le seul fait de la psychiatrie ou de l’addictologie. Cela dépend aussi de notre capacité collective à créer une société réellement inclusive des différences de chacun.

            Aussi, nous rappelons ici, comme l’ont fait nombre de consœurs et confrères, que le serment que nous avons prêté pour devenir médecins s’oppose à de nombreuses positions publiques tenues ces dernières semaines, et nous engage notamment à respecter toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.

            Nous condamnons ainsi fermement toutes les formes de discriminations, qu'elles soient racistes, sexistes, antisémites, islamophobes, homophobes, transphobes, psychophobes ou validistes.

Nous réaffirmons notre attachement aux principes qui ont prévalu à la création de la Sécurité Sociale et à l’Aide Médicale d’État, dont nous soutenons la pertinence et la nécessité.

Nous défendons pleinement la liberté d'association, celle-là même qui a permis la constitution d'un tissu associatif indispensable en santé mentale pour porter la voix des associations d’usagers, de proches et de professionnels. Elle est essentielle à la dynamique partenariale, d’échanges et de travail collectif, fondamentale pour transformer les pratiques et permettre des soins de meilleure qualité, respectueux de la dignité et des droits humains, et permettant aux usagers de la psychiatrie de se rétablir.

Nous appelons de nos vœux l’émergence de politiques volontaristes en faveur d’une santé mentale publique, qui doivent notamment comporter une massification des plans de prévention dès le plus jeune âge et des actions de lutte contre la stigmatisation.

Quel que soit le contexte politique, nous rappellerons et défendrons inlassablement ces principes et valeurs, pour une psychiatrie et une addictologie que nous souhaitons humanistes, progressistes, modernes, courageuses et capables de remise en question.

 

Pour le Conseil d’Administration,

Maeva MUSSO, Présidente,

Boris NICOLLE, Vice-Président.